
Mode (in)équitable
On sait depuis les débuts du commerce équitable que les producteurs de café et de chocolat touchent une infime partie du produit de la vente de ces produits. C'est pourquoi acheter du chocolat exhibant le sourire de son producteur sur l’emballage ne surprend plus.
Pour les vêtements en revanche, il n'est pas entré dans les mœurs des marques de premier plan de mettre en avant leurs conditions de fabrication. Et pourtant : un jean vendu 100 euros rapportera moins de 2 euros à l’ouvrier qui l’a cousu, 8 euros seront consacrés aux autres coûts de production, 5 euros au transport, 40 euros à la marque et 45 euros au magasin qui le vend.
Il y aurait donc matière à rendre les produits textiles plus équitables et à communiquer sur la démarché. Mais, une photo d’ouvriers entassés dans une usine délabrée n’a rien de très vendeur… Depuis que l’économie est mondialisée et que les marchandises voyagent, les marques ne cherchent plus à produire au plus près des clients. Elles préfèrent réduire les coûts, quitte à faire de nos achats de véritables globe-trotters. A la différence de l’industrie automobile qui a délocalisé des usines entières, la couture nécessite peu de technologies : les marques font appel à des entrepreneurs qui ont leurs propres ateliers et fournissent plusieurs clients.
En 2013, 1 300 personnes sont décédées dans l’effondrement du Rana Plaza, un immeuble de huit étages plein d’ateliers textiles dans la capitale du Bangladesh, Dacca. La catastrophe a mis en lumière la face sombre de nos vêtements : des ouvriers parfois mineurs, travaillant douze heures par jour, six jours sur sept dans des usines sans ventilation ni contrôles sanitaires. Le tout pour une trentaine d’euros par mois…
Que peut-on faire ? Acheter plus cher ? Acheter Made in France ? Mettre la pression ?
Sachant que l'industrie textile génère des millions d'emplois dans les économies émergentes et a sorti de l'extrême pauvreté des millions de personnes, que peut-on faire ?. Grâce à elle, le taux de pauvreté au Bangladesh est passé de 60% en 1992 à 30% aujourd’hui.
De plus, une étiquette made in France peut s’avérer trompeuse puisqu’il suffit d’une couture dans l’Hexagone pour avoir le droit de l’apposer. Le plus utile serait donc d’interpeller les multinationales qui ont le pouvoir de faire évoluer (et respecter) les législations en vigueur dans les pays qui nous habillent. Tu peux aussi acheter moins et de meilleure qualité. —